Ces dernières années, on trouve de plus en plus d’outils de traduction en ligne gratuits. Bien souvent, les petites entreprises sont très tentées de les utiliser afin d’économiser un peu sur les coûts de traduction, mais est-ce vraiment une bonne option?
L’article qui suit t’aidera à déterminer le meilleur outil de traduction pour ton entreprise et à comprendre leur fonctionnement, leurs risques et leurs capacités.
Outils de traduction en ligne : DeepL vs Google Translate
Savais-tu que Deepl et Google Translate n’utilisent pas le même type de technologie? Voici ce qui définit chacun de ces outils de traduction en ligne gratuits.
Comment fonctionne DeepL?
DeepL est un outil de traduction neuronale : il se base sur des réseaux de neurones pour traduire automatiquement des textes. Chacun de ces réseaux est entraîné par d’énormes bases de données bilingues qui regroupent, par exemple, les versions anglaises et françaises de millions de textes à partir desquels la machine apprend à traduire.
La traduction neuronale est une technologie plus évoluée que la traduction automatique, puisqu’elle fonctionne grâce à l’intelligence artificielle. Ce qui fait sa force, c’est sa capacité à déduire le sens des mots en fonction du contexte. Voilà pourquoi les traductions de DeepL semblent souvent très naturelles.
Comment fonctionne Google Translate?
À l’époque (2006), l’outil de traduction en ligne de Google était fondé sur un système de modèle statistique. En d’autres mots, Google Translate analysait tous les mots d’une phrase et regardait lesquels étaient souvent associés les uns aux autres. Google traduisait selon le sens de chaque mot, sans tenir compte du contexte ni de la syntaxe de la langue vers laquelle il traduisait.
Ce système était d’ailleurs à l’origine des milliers de traductions loufoques où les tournures de phrases figées, comme « il pleut à boire debout », étaient traduites mot à mot.
Aujourd’hui, le modèle qu’utilise cet outil de traduction a bien sûr évolué pour tenir compte des avancées technologiques. Google Translate utilise donc maintenant lui aussi la traduction neuronale.
Étude de cas sur les outils de traduction en ligne
Traduction anglais-français par DeepL et Google Translate
Texte anglais de départ
“Anything you input to Chat GPT is collected and saved on OpenAI servers to refine the system’s natural language processing. OpenAI is transparent about what it collects and why. It uses user data primarily for language model training and improvement and enhancing the overall user experience.” – Source : Enterprise DNA
Traduction de DeepL
Traduction de Google
Constat sur les traductions automatiques
Les deux traductions automatiques neuronales proposent une solution très littérale. D’entrée de jeu, on note que le nom « ChatGPT » est mal orthographié, les machines ayant été incapables de relever l’erreur dans le texte anglais. Il y a aussi une rupture de syntaxe avec le « pourquoi ».
Ensuite, Google et Deepl ne semblent pas s’entendre sur le genre d’OpenAI : est-ce féminin ou masculin? Un traducteur professionnel aurait compris qu’il s’agit d’une entreprise et aurait accordé les phrases au féminin.
Dans la dernière phrase, on note la redondance des mots « utiliser », « utilisateur » et « utilisation », de même que « amélioration ». La phrase est lourde et répétitive. Un traducteur expérimenté aurait retravaillé la phrase pour éliminer une partie de ces répétitions.
Traduction de Fidelis
Pourquoi ne pas utiliser les outils de traduction gratuits?
Si c’est gratuit, c’est que c’est toi le produit!
Si tu utilises des outils de traduction en ligne gratuit, dis-toi que tu les paies avec tes informations personnelles. En d’autres mots, tous les textes que tu entres dans l’outil de traduction sont enregistrés par l’outil et serviront à entraîner la machine pour générer les traductions d’autres entreprises. Et ça, ça fait très mal à la protection des renseignements!
Aussi, les traducteurs automatiques en ligne ne peuvent pas comprendre toutes les nuances d’un texte, les sous-entendus ou les particularités linguistiques comme un vrai traducteur. Dis-toi que les traductions machines ont des limites et ne remplaceront jamais un humain.
ChatGPT et l’intelligence artificielle
L’arrivée de ChatGPT cet automne est venue bouleverser les choses, mais pas nécessairement pour le mieux.
Tout comme Google Translate et DeepL, ChatGPT peut traduire du texte de manière presque « magique ». Or, la qualité du résultat dépendra fortement de la qualité de la consigne (prompt) donnée.
La création d’une consigne claire, détaillée et précise joue pour beaucoup et c’est là que réside la plus grande difficulté. Il faut notamment donner à ChatGPT des informations de base qui lui permettront de traduire du mieux possible :
- Quel est le contexte du texte? À qui s’adresse-t-il?
- Quelle langue et quel dialecte doit-il utiliser pour traduire?
- Quel ton doit-il utiliser?
- À quel domaine (droit, finance, médecine, etc.) le texte appartient-il?
- Quels sont les critères à respecter (longueur du texte, nombre de caractères, mots à proscrire, etc.)?
- Quels sont les termes à utiliser ou à bannir?
- Quelles règles typographiques et grammaticales doit-il respecter (unités de mesure impériales, chiffres en lettres ou en caractères arabes, etc.?
- Quelles sont les consignes spéciales du « client »?
En résumé, pour que ChatGPT te ponde une traduction automatique d’une qualité « correcte », tu dois lui fournir toutes les infos qu’un traducteur professionnel trouvera normalement par lui-même pour bien traduire un texte.
Ainsi, sans une expertise préalable en traduction, disons que l’exercice est périlleux. Avec un peu de chance, la traduction que proposera ChatGPT résultera sera « passable », au mieux.
Prenons un extrait d’examen de traduction pour la Commission européenne. Il s’agit d’une discussion, par texto, entre un adolescent de 18 ans et sa grand-mère de 75 ans :
Texte anglais original
“Tom: Are you sure you want a smartphone though? I read that social media is toxic and the root of young people’s problems: reducing our concentration spans with the dual effect of getting us addicted to dopamine while destroying our social skills. Shouldn’t you beware of the apparently corrupting influence of your oh-so-exciting smartphone?
Gran: qwertyyy
Tom: … and the impact on spelling is terrible! »
Traduction de ChatGPT
Constat
J’ai donné la consigne suivante à ChatGPT : Translate the following text into French. Dès le départ, on voit que ChatGPT a traduit en français européen. Le texte est lourd et comprend des erreurs typographiques (les espaces avant les ?) et un anglicisme (impact) qui n’est pas accepté au Québec. De plus, on remarque que le ton employé par l’adolescent est tout sauf naturel…
Ensuite, ChatGPT enchaîne les bourdes avec le nom de la grand-mère (qui est resté « Gran ») et le mot « qwertyyy » qui est resté en anglais. Un traducteur professionnel aurait d’ailleurs compris l’intention de l’expression ou aurait à tout le moins trouvé sa signification sur Urban dictionary.
Traduction de Fidelis
Constat de la traduction Fidelis
J’ai tenté de respecter le langage « correct » du texte original, d’où l’absence de slang et de mots de style texto. Toutefois, j’aurais très bien pu pousser l’exercice plus loin pour écrire comme un vrai adolescent s’exprime sur un téléphone.
Ensuite, j’ai corrigé les erreurs commises par ChatGPT et traduit « qwertyyy ». À noter ici que le jeu de mot de l’anglais était difficilement transposable en français et demandait une adaptation. J’ai choisi de garder le sens de l’expression plutôt que le jeu de mots.
J’ai conservé le tutoiement, qui est très bien accepté au Québec dans une relation entre grands-parents et petits-enfants, mais pas nécessairement ailleurs dans la francophonie.
Je termine sur une traduction moins littérale (mot à mot), mais plus naturelle et idiomatique. J’aurais pu aussi traduire la phrase par « et ça nous fait écrire tout croche », mais le changement de ton entre cette phrase de Tom et sa précédente aurait été trop important.
Cet exemple démontre clairement les limites de ChatGPT quand vient le temps de traduire du texte un tant soit peu « complexe » ou rempli d’expressions populaires.
Avantages et limites des outils de traduction en ligne gratuits
Les outils de traduction comme DeepL, Google Translate ou encore Reverso sont fantastiques pour décoder rapidement un message dans une langue que l’on ne connait pas. C’est d’ailleurs pourquoi ils sont très utiles en voyage ou en contexte social.
Toutefois, je déconseille fortement d’utiliser les traducteurs automatiques dans un contexte d’affaires sans l’intervention d’un traducteur professionnel. Les risques d’erreurs de traduction sont trop grands, sans parler des problèmes de confidentialité des données et d’une qualité souvent très « ordinaire ».
Il faut aussi penser à l’image de marque d’une entreprise qui décide d’utiliser ces outils. Est-ce que la machine prendra le temps de comprendre ton identité de marque, ses particularités, son style et ses clients cibles? Pas du tout! Seul un traducteur expérimenté peut t’offrir un travail de qualité qui protégera ton entreprise et la fera fleurir.
Conclusion
Les outils de traduction en ligne gratuits ont beaucoup évolué depuis le début des années 2000, et avec l’accessibilité de l’intelligence artificielle, cette évolution n’est pas prête de s’essouffler. Malgré tout, il faut tenir compte des limites et des risques de ces outils avant de les utiliser. Les traducteurs automatiques recueillent les informations que nous leur donnons pour bâtir leur base de données.
En plus de produire des traductions de qualité souvent à peine passable qui peuvent nuire aux entreprises qui les utilisent, ces traductions machines ne pourront jamais offrir toute l’expertise et la valeur ajoutée qu’un traducteur professionnel peut apporter.
Fidelis est là pour propulser ton entreprise tout en protégeant tes renseignements personnels et ton image de marque. Écris-moi!